Comprendre l’enfant à haut potentiel
Les premières études consacrées à l’enfant à haut potentiel remontent à un peu moins d’un siècle. Ces études étaient intimement liées au débat « éducation/hérédité » ainsi qu’au développement des outils censés mesurer scientifiquement l’intelligence (les tests de QI).
Les plus connues de ces études (dont Terman, 1959) menaient à la conclusion que « les sujets particulièrement doués diffèrent effectivement de la population générale ». Terman ajoutait que « ces individus sont socialement et affectivement plus stables, ont en général une carrière professionnelle largement au-dessus de la moyenne et qu’ils maintiennent leurs capacités intellectuelles exceptionnelles ».
« Tous les enfants HP ne surfent pas sur la vague d’une scolarité performante »
En dépit de leurs aptitudes hors-norme, tous les enfants HP ne surfent pas sur la vague d’une scolarité performante et épanouissante. Une proportion importante de ces enfants à haut potentiel se retrouvent en situation d’échec scolaire paradoxal.
Depuis lors, les études se sont multipliées et, avec elles, les termes désignant ce groupe d’individus « hors-normes » : enfants précoces, surdoués, zèbres, HP… Certains auteurs parlaient également de douance ou d’enfants « trop intelligents ».
Bien entendu, toutes ces études et publications devraient être abordées avec l’idée d’un continuum entre le groupe dit « normal » (on parle ici de normalité statistique) et le groupe d’individus qualifiés de HP. Cette remarque s’applique autant aux études et publications consacrées aux enfants qu’à celles sont consacrées aux adultes.
Le terme Haut Potentiel est de nos jours celui qui est le plus utilisé par les médias, parfois à tort et à travers. Redéfinissons donc cette notion et ce que la psychologie peut apporter aux personnes dites à Haut Potentiel, les personnes HP.
Qu’est-ce qu’un enfant HP, à Haut Potentiel ?
Lorsque l’on se lance dans la recherche d’informations sur les individus HP, on se trouve confronté à une multitude de définitions : Haut Potentiel émotionnel, Haut Potentiel intellectuel, HPI,…
Les termes « surdoué » ou « haut potentiel » peuvent se définir par une aptitude intellectuelle supérieure aux normes, soit un QI supérieur à 132. On estime qu’une personne sur 40 entre dans cette catégorie.
À titre de comparaison, signalons que seule une personne sur 100.000 entre dans la catégorie HP « exceptionnel » (QI > à 160). Dans cette approche de psychothérapie, le critère d’homogénéité des résultats obtenus dans les différentes compétences évaluées est essentiel.
L’apprentissage spontané de la lecture sans forçage dès l’âge de 4-5 ans peut constituer une première indication significative de haute potentialité chez l’enfant.
Outre les facteurs purement intellectuels, l’attention des parents peut être attirée par les performances scolaires, une pensée créative et/ou productive particulièrement développée, des habiletés sociales particulières telles que le sens du leadership mais aussi les capacités psychomotrices.
La maîtrise de l’humour, l’intelligence émotionnelle et un intérêt marqué pour les questions éthiques et morales sont d’autres indices de haute potentialité chez l’enfant.
« Il est important de distinguer l’enfant HP de l’enfant trop stimulé et forcé »
Howard Gardner a développé le concept d’intelligences multiples qui intègre ces différents types d’intelligence.
Il est important de distinguer l’enfant HP de l’enfant « trop stimulé et forcé » dont l’apparente précocité s’estompera rapidement.
On observe fréquemment des phénomènes de décalages tels qu’une maturité intellectuelle très précoce s’accompagnant d’une immaturité relative au niveau des compétences sociales ou encore d’angoisses existentielles.
Le désir de la lecture et la fréquence d’un isolement nécessaire mais intermittent (et qui doit être distingué du retrait social) sont d’autres signes qui doivent attirer l’attention des parents.
La plupart des études consacrées aux enfants HP prônent une accélération ou un enrichissement de l’enseignement. Le débat relatif au « saut de classe » reste actuel, sans qu’aucune généralisation n’en émerge. Être HP ne veut pas forcément dire être premier de la classe.
Haut Potentiel Intellectuel (HPI) & Haut Potentiel Émotionnel (HPE).
Il est important de distinguer les deux plus grands types d’intelligence faisant référence à la notion de haut potentiel : le Haut Potentiel Intellectuel (HPI) et le Haut Potentiel Émotionnel (HPE).
Le Haut Potentiel intellectuel concerne des individus qui ont des compétences cognitives très poussées : mémoire, raisonnement mathématique, logique, vitesse de traitement de l’information, aptitudes spatiales,…. Soit les compétences qui sont mesurées par les tests de QI.
Chez les HPI, le QI est supérieur à 132, ce qui est le cas de 2 à 3% de la population générale. Certains auteurs qualifient les enfants HPI de « précocité intellectuelle » car ils sont capables de résoudre des problèmes destinés à des enfants plus âgés.
Le HPE, comme son nom l’indique, possède, lui, des compétences émotionnelles extrêmement poussées. Le HPE ressent de manière très intense les émotions d’autrui, émotions qu’il parvient à traduire grâce à son intuitivité. Paradoxalement, ce fonctionnement peut empêcher l’enfant HPE de vivre sereinement son quotidien et de construire ses relations sociales et amicales.
C’est ce type de haut potentiel qui semble le plus difficile à vivre au quotidien.
L’enfant à haut potentiel émotionnel devra faire face à ses propres émotions et aux émotions des personnes qui l’entourent. Composer avec ses émotions peut l’empêcher de créer des contacts sociaux de qualité et durables.
L’hypersensibilité de l’enfant HPE fait qu’il ressent tout ce qui se passe autour de lui. Tout le concerne et il peut être bouleversé par un seul mot. Captant les émotions comme une éponge, il est rebuté par le fait de tisser des liens avec ses pairs et leur préférer la compagnie des adultes.
HP et hypersensibilité
L’hypersensibilité des enfants HP peut être à la base d’un sentiment d’être rejeté et incompris par leurs camarades. À l’école, la manière dont ils accueillent et remettent en question les consignes peut également susciter un vécu de rejet ou de stigmatisation.
« L’enfant HP a besoin de reconnaissance pour se rassurer »
L’enfant HP éprouve des difficultés à trouver sa place dans un groupe, il ressent un décalage qui le bloque et l’empêche de s’épanouir. Il a besoin de reconnaissance pour se rassurer et demande ainsi énormément d’attention, surtout de la part des adultes de référence.
Le plus dur pour les parents ayant un enfant à haut potentiel est souvent de gérer cette hypersensibilité de leur enfant qui peut parfois agir comme une tempête émotionnelle. L’enfant HP change alors d’humeur en une fraction de seconde.
L’enfant à haut potentiel en psychothérapie
Être HP n’est pas un diagnostic. Tout enfant HP n’a pas besoin d’une psychothérapie. Cette démarche se justifie en revanche lorsqu’il y a souffrance, exclusion ou stigmatisation, ou encore lorsque les questions que l’enfant se pose sur lui-même, sur les autres ou sur la vie deviennent oppressantes.
Il convient de se rappeler que le groupe des enfants HP ne constitue pas une population à part mais bien un groupe qui se situe à l’extrémité d’une courbe de Gauss tout en restant dans un continuum par rapport à la population générale.
Ce qui marginalise l’enfant HP c’est la pression de la norme sociale (celle-ci étant le plus souvent peu tolérante avec ceux qui s’en écartent trop). Les programmes scolaires standards, conçus pour être accessibles au plus grand nombre, contribuent, eux aussi, à cette marginalisation de l’enfant HP.
Il n’ y a pas de psychothérapie spécifique aux enfants HP. Il y a en revanche une adaptation du travail thérapeutique qui vise à permettre à l’enfant HP de mieux vivre sa singularité. En psychothérapie, cette singularité se traduit par les questions et les préoccupations que l’enfant à en tête et non par son QI.
« Permettre à l’enfant HP de mieux vivre sa singularité »
L’espace thérapeutique doit permettre à l’enfant de mieux vivre ses dysharmonies. C’est ainsi qu’il n’est pas rare en séance de se retrouver face à un petit savant qui nous précise qu’il aime aussi jouer à la poupée ou avec des Playmobil.
Combien de fois n’ai-je pas entendu la phrase : “chez nous, il ne joue avec rien” dans les propos de parents qui redécouvrent la part infantile de leur enfant HP. Le cadre de psychothérapie permet le déploiement de cette ressource extraordinaire qu’est l’imaginaire infantile.
L’espace thérapeutique doit également permettre à l’enfant de ré-apprivoiser le temps. Performance et vitesse vont de pair. L’enfant HP, plus que tout autre, peut avoir besoin de redécouvrir que tout ne marche pas du premier coup. Lors d’une première rencontre, je m’adresse toujours à l’enfant pour lui annoncer que nous avancerons ”ensemble mais à son rythme”.
L’enfant HP trouvera en séance de psychothérapie une opportunité de réfléchir, sans pression, à ses relations avec son entourage, sa propre histoire et le regard qu’il peut porter sur son avenir.
Pour terminer ce paragraphe, voici quelques pistes de travail envisageables dans le cadre des séances de psychothérapie proposées aux enfants HP :
- Il est essentiel que l’enfant HP sache que ses particularités sont un patrimoine à préserver et à enrichir et non une tare.
- On ne peut changer le monde dans lequel nous vivons mais bien apprendre à nous y adapter.
- Apprendre à se mettre à la place de l’autre fait partie de la bonne gestion des relations sociales.
- Il faut pouvoir distinguer les stratégies saines de celles qui ne le sont pas.
- Avoir des compétences extraordinaires dans certains domaines ne doit pas entraîner le rejet des domaines où les compétences sont simplement dans la norme.
- Parfois, ralentir permet d’y arriver plus vite.
Quelques caractéristiques de l’enfant HP
Outre les difficultés relationnelles et l’hypersensibilité, l’enfant HP se distingue également par :
- Une très grande curiosité
- Un besoin de justice et de moralité immense, notamment suite aux ressentis des émotions d’autrui
- Des changements d’humeur fréquents et brusques
- Un sens de l’humour incompris
- L’envie de se perfectionner sans cesse
- Des troubles de l’attention et de la concentration
- Une instabilité au niveau du travail scolaire.
« Apprendre à composer avec ses émotions, à positiver et à s’épanouir »
L’enfant HP peut apprendre à composer avec ses émotions, à positiver et à s’épanouir. Pour cela, il est essentiel que les 5 axes de développement de l’intelligence émotionnelle de l’enfance soient remplis :
- La perception de soi : le fait de se respecter soi-même en s’acceptant et de comprendre ses émotions.
- La gestion du stress : le fait d’adapter ses émotions selon les circonstances pour une vie plus positive.
- L’affirmation de soi : le fait de savoir exprimer ses émotions, ses besoins et ses ressentis.
- La prise de décision : le fait de pouvoir rester objectif, de prendre de la distance par rapport à ses ressentis.
- Le développement de relations sociales : le fait de développer mais aussi de maintenir des relations avec autrui.
Psychologue basé à Liège et à Verviers, je me suis formé dans la psychologie de l’enfant et de l’adolescent. Ma longue expérience clinique m’a permis de rencontrer un grand nombre d’enfants présentant les caractéristiques et particularités exposées tout long de cet article. J’accompagne votre enfant hypersensible à partir de 6 ans.